Management vs leadership : vers une nouvelle posture du dirigeant – BPI France

Le rôle du dirigeant évolue. Il ne s’agit plus simplement de piloter une organisation par les chiffres et les process. Dans un monde traversé par l’incertitude, la fragmentation et la quête de sens, le pouvoir s’incarne autrement. Il relie, il éclaire, il transforme.

Le paradigme traditionnel du management, hérité d’un monde industriel stable et hiérarchisé, montre aujourd’hui ses limites. Les entreprises sont désormais soumises à une complexité permanente, nourrie par des transformations technologiques fulgurantes, des attentes sociétales mouvantes, et une instabilité géopolitique qui rend toute prévision fragile. Dans ce contexte, la fonction de dirigeant ne peut plus être cantonnée à une simple logique d’exécution. Le pouvoir ne peut plus se résumer à une position verticale dans un organigramme : il doit devenir un levier d’engagement, un point d’ancrage, une force d’entraînement. Le passage du management au leadership s’impose, non comme une coquetterie sémantique, mais comme une réponse stratégique à un monde où le contrôle ne suffit plus, et où la légitimité se construit autrement.

Manager ou leader : quelles différences ?

Pendant longtemps, le manager a été considéré comme le garant du bon fonctionnement de l’organisation. Sa mission ? Orchestrer les moyens, fixer les objectifs, mesurer les résultats. Cette approche, qui a largement structuré le monde de l’entreprise au 20e siècle, reposait sur une vision mécaniste du travail : on supposait que l’efficacité découlait de la rigueur des process, de la clarté des rôles et de la discipline dans l’exécution. Mais cette logique repose sur une condition implicite : celle d’un monde prévisible, relativement stable, dans lequel la planification et le contrôle sont des leviers suffisants pour maintenir la performance. Or ce monde n’existe plus.

Face à des environnements mouvants, la posture du leader s’impose. Là où le manager veille au respect des procédures, le leader interroge le cadre lui-même. Il ne délègue pas seulement des tâches mais construit un horizon commun et relie les individus à un sens collectif. Sa légitimité ne vient pas de sa fonction, mais de sa capacité à fédérer autour d’une vision claire, à faire émerger l’intelligence collective, à tenir une position dans l’incertitude. Ce glissement ne signifie pas que le management est obsolète, mais qu’il ne peut plus suffire seul à garantir la vitalité d’une organisation. Le management reste nécessaire pour structurer, mais le leadership devient indispensable pour mobiliser.

La hiérarchie verticale ne suffit plus

Les modèles hiérarchiques traditionnels ont été conçus pour un monde où l’information circulait lentement, où les décisions étaient centralisées, et où la complexité se maîtrisait par la segmentation des tâches. Mais dans l’économie actuelle — connectée, mouvante, traversée par des enjeux sociaux, environnementaux et technologiques — ces schémas d’organisation révèlent leurs limites. Il faut désormais écarter la lenteur des circuits de décision, l’opacité des arbitrages et la standardisation des rôles.

Souvent, les organisations qui adoptent une posture plus distribuée du pouvoir — où l’information circule, où les marges de manœuvre sont clarifiées, où la confiance structure les relations — montrent une capacité d’adaptation plus forte. Cela ne signifie pas l’abandon de toute structure, mais une réinvention de la gouvernance autour de la responsabilité partagée, de la transparence et de l’écoute.

Le dirigeant comme créateur de sens

Dans un tel contexte, la mission du dirigeant ne peut plus se limiter à définir des objectifs SMART ou à conduire des réunions d’alignement. Elle consiste d’abord à poser une vision intelligible, crédible et engageante : soit un cap suffisamment ferme pour structurer l’action collective, mais assez souple pour s’ajuster aux circonstances.

Donner du sens, ce n’est pas imposer une interprétation unique du réel, mais créer un espace où les collaborateurs peuvent inscrire leur travail dans une trajectoire plus large, au-delà de la simple logique de production. Cette capacité à relier — à articuler les tensions entre efficacité et impact, court terme et long terme, stratégie et valeurs — devient un enjeu central. 

Lire la suite: https://bigmedia.bpifrance.fr/nos-dossiers/management-vs-leadership-vers-une-nouvelle-posture-du-dirigeant