« C’est une béquille » : ces salariés qui carburent à la drogue pour tenir – Le Point

Cachets de Ritaline, microdoses de LSD, rails de cocaïne : le travail sous stimulants gagne du terrain. Face à la pression et à la peur de décrocher, de plus en plus de salariés misent sur la chimie. Enquête sur une normalisation silencieuse.

La drogue au travail, ce n’est pas nouveau. Longtemps, on l’a imaginée tapie dans les coulisses des agences de pub ou sur les plateaux de tournage, réservée aux créatifs sous pression, aux insomniaques élégants, aux vies qui débordent. Elle était rare, presque romanesque, surgissait à la faveur d’une nuit blanche, d’un bouclage de trop. Elle s’appelait cocaïne, ecstasy, et portait encore les habits de la transgression. Mais depuis quelque temps, elle a changé de visage. Plus discrète, plus régulière, mieux intégrée. Un pochon de poudre dans une poche, une goutte sous la langue, un comprimé avalé entre un café tiède et une visioconférence.

Elle n’est plus l’exception, elle devient une méthode. Silencieuse, fonctionnelle, presque banale. Une réponse chimique à un monde du travail qui pousse à l’endurance plus qu’à l’équilibre, et où il ne suffit plus d’être bon : il faut être le meilleur. Le mot dopage a glissé, s’est effacé, remplacé par d’autres, plus acceptables : optimisation, concentration, performance. Une glissade sémantique, au service d’une habitude qui s’installe.

Lire la suite: https://www.lepoint.fr/economie/c-est-une-bequille-ces-salaries-qui-carburent-a-la-drogue-pour-tenir-24-03-2025-2585495_28.php