Le travail doit, semble-t-il, constituer l’espace premier de l’accomplissement et du bonheur des hommes. Rien de bien nouveau sous le soleil des néons d’usine, puisque c’est ainsi que déjà dans les années 1930, la fameuse école dite des « relations humaines », souhaitait réinventer les raisons de l’engagement des gens dans leur travail. On leur découvrait un cœur, des sentiments, de la subjectivité, et on pensait aller alors au-delà de la machinerie taylorienne asservissant « seulement » les corps.
C’est ainsi que le modèle de la belle entreprise d’aujourd’hui continue à façonner les esprits. Mais elle le fait désormais de façon radicale : elle ajoute à l’instrumentalisation des émotions, la notion de plaisir et de jeu. Elle mélange alors dans un flou d’apparence candide et authentique le temps du travail et le temps du jeu. Le travail deviendrait un jeu, un moment de confusion absolue entre la vie et le travail.
Source : « L’entreprise-heureuse », lieu inattendu de l’aliénation moderne ?